Hommage à Jean-Simon Peretti

Si n’hè andatu Jean-Simon Peretti

Jean-Simon Peretti fut l’un des premiers adhérents de Sinemassoci au début des années 80. Cette association créée par Noëlle Vincensini avait pour but de faire émerger un cinéma en Corse. Dotée d’une caméra Aaton Super16, d’un Nagra, d’une salle de montage, elle permit à Jean-Simon, Marie-Jeanne Tomasi, Dumè Gambini, Dominique Tiberi, Dominique Maestrati, Gabriel le Bomin, Elsa Chabrol, de réaliser leurs premiers court-métrages de fiction. 

Jean-Simon était par ailleurs un cinéphile affirmé. Il pouvait voir jusqu’à cinq films par jour et fréquentait assidument le Festival de Cannes et les salles obscures. Parfaitement bilingue, il se lia d’amitié avec des comédiens et des  réalisateurs comme  John Voight, John Boorman, Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri, Catherine Corsini et tant d’autres qui appréciaient l’homme et son regard sur le cinéma.

Figure incontournable du milieu cinématographique insulaire, il fut tour à tour l’un des membres fondateurs du Festival di u filmu di e culture mediterranie, vice-président du Festival du film Italien Ajaccio, journaliste et critique de film pour Corse Matin et d’autres média. Il représenta également l’audiovisuel et le cinéma durant plusieurs années au CESEC. En tant que membre du Comité Technique audiovisuel et cinématographique de la Collectivité de Corse, son sérieux, son engagement, sa mesure et sa défense du cinéma corse furent salués. C’était un homme libre capable de résister aux pressions et qui portait un regard exigeant mais bienveillant sur les projets.

Libéré de ses obligations professionnelles, il se consacra durant sa retraite à l’écriture de documentaires,  la direction de casting, aux repérages de décors de films, se dépassant  pour gérer les sept cents figurants du film indien Tamasha ou finaliser les repérages du long métrage « Et mon cœur transparent »des frères Vital-Durand. Il fit également quelques apparitions en tant que comédien notamment sur le film de Jan Kounen « 99 francs ». 

Jusqu’au bout sa curiosité et son amour pour le 7ième Art restèrent intacts. La disparition de cette personnalité du cinéma insulaire à la voix irremplaçable laisse un grand vide. Son action, sa détermination, son investissement pour le cinéma en Corse perdureront dans nos mémoires à travers la création du prix Jean Simon Peretti du festival Arte Mare.

Bon ventu amicu

Antonia LUCIANI

Conseillère exécutive de la Collectivité de Corse en charge de la culture et de la formation.