Prix Ulysse à l’ensemble de l’œuvre 2023

Miquel De Palol

Miquel de Palol, Barcelonais né en 1953, issu d’une impressionnante lignée de troubadours et de poètes, est l’auteur d’une œuvre titanesque composée de nouvelles, d’essais et de romans, mais aussi d’une soixantaine de recueils de poésies. Ses romans au long desquels on retrouve plusieurs centaines de personnages, dont les destins s’imbriquent les uns dans les autres, constituent une véritable « Comédie humaine » composée de plusieurs gros volumes dont Le Jardin des Sept Crépuscules (Zulma, 2015), également traduit en anglais, en allemand et en italien ; Le Troyaccord – dont le premier opus, Trois pas vers le Sud, paraît à la rentrée chez Zulma – ; Le Testament d’Alceste (Zulma, 2019). Cette machine narrative hors norme déploie tous les artifices qui font de chacun de ses livres de Miquel de Palol une aventure de lecture. Cet auteur, qui n’a rien à envier à ces grands bâtisseurs d’univers que sont Frank Herbert, Isaac Asimov ou Dan Simmons est sans nul doute à l’heure actuelle le plus ambitieux romancier européen et l’un de ses rares nobélisables.

Le Jardin des sept Crépuscules est composé de trois volets (Frixus le fou, Googol et Le Joyau retrouvé), dans lesquels s’emboîtent et se recoupent une foule de récits et de nouvelles avec un art consommé du suspense. Son architecture est un prodige : une poignée de privilégiés rassemblés dans une forteresse au luxe insensé par une nécessité combien énigmatique se livre au plaisir délectable et retors de raconter des histoires, à partir d’un récit initial, la saga de la banque Mir et de son héritière Lluïsa Cros. Histoire de l’amant du cimetière, de la visiteuse obstinée ou de Mimi Chauffe-biberons, histoire du surhomme Peter Sweinstein et des navigations du Googol, histoire du grand vérificateur ou de la secte de la Libération, chacune des intrigues que l’on se raconte en sept jours et sept nuits nous rapproche, sur fond de manipulations et de luttes d’influence, d’un mystère qui ne cesse de se dérober. Convoquant plusieurs centaines de personnages dans une narration aux multiples rebonds, le Jardin des Sept Crépuscules est une construction romanesque monumentale, d’une virtuosité qui ne cesse de nous fasciner. « Un événement éditorial. » Transfuge.

Le Troyaccord (Accord de Troie, cœur de Troie ou instrument imaginaire, le Troyaccorde) dit aussi « Jeu de la fragmentation », est un ensemble de cinq romans (Trois pas vers le sud, Autre chose, Les ailes d’Égypte, Léandre ne l’a pas refusé, Le combat avec l’ange) auxquels sont principalement liés deux romans satellites Le Quincorn et Le Législateur et une suite : le Testament d’Alceste. Trois pas vers le sud est le premier volet de cet édifice en cinq parties. L’enlèvement de Gabriel van Egmont sert de point de départ à une multitude de récits où se questionnent l’identité, la liberté, le pouvoir et l’amour, où la réalité se trouble, où le temps et l’espace se fragmentent, où trois grandes intrigues et thématiques ne cessent de s’entrecroiser tout au long de cette prodigieuse mise en abyme : celles du double, de la recherche historique et des sociétés secrètes. L’église Santa Maria del Mar se dresse de toute sa hauteur alors que l’aube se lève sur Barcelone. Dans la pénombre du petit matin, de mystrieux individus s’avancent. On assiste tout à coup à un enlèvement et son issue fatale. Le Troyaccord déploie tous les artifices qui font de chacun des livres de Miquel de Palol une aventure de lecture.

Le Testament d’Alceste. Un groupe d’amis se réunit au Mas-d’en-Haut, le splendide domaine de Toti Costagrau, pour s’adonner au Jeu de la Fragmentation, un jeu de rôle grandiose où les histoires s’enchaînent dans une construction géométrique époustouflante. Mais le Jeu commence à peine qu’Aloysia est retrouvée morte. Tous les participants décident alors de consacrer la partie à tenter l’impossible : ressusciter Aloysia. Conspirations financières de haut vol, affaires criminelles mystico-perverses, extravagances sexuelles parfois dignes des antichambres du château de Silling... Le récit s’élabore en temps réel, sur cinq jours entiers, pour que surgisse, dans un espace-temps accessible, le personnage d’Aloysia – vivante. Le Testament d’Alceste, en référence à l’épouse sacrifiée revenue des Enfers, est
une odyssée à huis clos, affranchie, délirante.

Deux cœurs et une bête. Si l’œuvre de Miquel de Palol pense le monde et ses mécanismes secrets, c’est dans sa poésie que s’exprime avec le plus de ferveur sa vie intérieure. Le premier de ses presque soixante recueils traduit en français, Deux cœurs et une bête, composé durant l’été 2014, est une suit narrative de trente-deux poèmes, qui relate la passion de deux êtres qui se livrent, se détruisent, se retrouvent sans cesse sans parvenir à trouver un point d’équilibre.