Exposition Zelda Colonna- Alb’Oru

Alb'Oru du 27 septembre au 20 octobre

«Il y a une grande différence entre l’esprit et le corps, en ce que le corps, de sa nature, est toujours divisible, et que l’esprit est en tièrement indivisible.» René Descartes, Discours de la méthode

«Ouvrez quelques cadavres : vous verrez aussitôt disparaître l’obscurité que la seule observation n’avait pu dissiper.» Xavier Bichat

Zelda Colonna a durablement travaillé sur les liens entre chirurgie, pathologie, bioéthique et arts-plastiques. Influencée par le Bio-Art et les technologies du vivant de la fin du XXe siècle, sa démarche était majoritairement photographique pour évoluer vers la vidéo expérimentale. Installée alors entre Paris, Tokyo et Londres, elle développait en parallèle un important travail de recherche et de rédaction d’articles sur le sujet jusqu’à obtenir, fin 2014, un doctorat d’arts plastiques, d’esthétique et de sciences de l’art intitulé « La chirurgie comme métaphore ». Elle poursuit dans cette voie avec un Master 2 en Philosophie Contemporaine avec pour titre de recherche : «Néo-Cartésianisme. Le dualisme médical à l’origine du nouveau vivant.»

Elle y interroge le corps contemporain, ce corps-sujet rendu aujourd’hui objet de la médecine, objet de découpe et de manipulation. En anticipant le corps comme la nouvelle machine cartésienne, elle démontre comment cette théorie du XVIIème, est plus que jamais actualisée en ayant revêtue la blouse blanche de la médecine contemporaine. Mais dans ce travail il y a aussi le corps amoureux, ce corps malade d’amour pleurant le corps disparu de l’être aimé. En témoigne son premier court métrage KRANK, réalisé en 2011 qui fut le point de départ de son sujet thèse.

L’exposition ici présentée est une sélection de ces années de recherches plastiques, d’expérimentations, d’obsession, pour le corps comme objet de médecine contemporaine.

Zelda Colonna

Zelda Colonna a longtemps consacré son travail au thème de la médecine, et de la chirurgie en particulier. 

De cet univers clinique et de ces préoccupations bioéthiques, elle se redirige depuis quelques années vers la pratique du dessin, elle est alors animée par un besoin de détachement vis à vis de ses obsessions théoriques au profit de réalisations plus « viscérales » influencée par un art contemporain marqué par un retour au figuratif et aux techniques dites « classiques » -  habitée par le romantisme noir, elle se consacre majoritairement au travail vidéo jusqu’en 2020 où elle replonge alors dans la voie obsessionnelle du dessin afin de révéler l'envers d'un quotidien superficiellement aseptisé, les bas-fonds de notre réalité et ses détails dérangeants que nous avons pour habitude de camoufler - blessures, bestioles, organes malades, décomposition, détails malaisants... et autres objets hideux ici portés en lumière. 

Cette production, guidée uniquement par la nécessité de cracher des névroses, la met face à une nouvelle problématique vers laquelle se dirige dorénavant son travail : qu’est ce qui distingue tant l’humain de l’animal ? 

Son quotidien n'est qu'une tentative de survie au dégoût et à la colère. Elle se définit elle-même comme "artiste ratée à la personnalité amère".